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Voromon de News
24 avril 2015

Nous sommes à l'ère du tripartisme

La règle qui fait que seuls les deux candidats arrivés en tête au premier tour restent en piste au deuxième tour de la présidentielle a divisé la France politique en deux camps, les plus puissants, excluant les extrêmes. Longtemps, ce furent celui de la gauche et celui de la droite qui s’affrontèrent. À une exception près?: celle de 1969, qui vit deux leaders de la droite, l’un gaulliste, Georges Pompidou, l’autre centriste Alain Poher, s’opposer au second tour, la gauche ayant été sévèrement éliminée au premier. Autrement – Valéry Giscard d’Estaing et François Mitterrand, deux fois de suite, en 1974 et en 1981, Lionel Jospin et Jacques Chirac en 1995 et 2002, Nicolas Sarkozy et Ségolène Royal en 2007, François Hollande et Nicolas Sarkozy en 2012 –, chaque élection présidentielle a été marquée par une lutte, au deuxième tour, entre la gauche et la droite. Lutte généralement suivie par des élections législatives où les deux camps se retrouvaient également face à face. Ce système avait été conçu par Michel Debré pour lutter contre l’instabilité paralysante de la IVe?République. Avec un président élu au suffrage universel, une Assemblée nationale divisée entre majorité et opposition, tandis que les petits partis étaient soit condamnés à rejoindre les grands, soit réduits au silence, un Premier ministre chef de la majorité qui ne pouvait être remis en cause que par une motion de censure votée par la moitié + un des députés hostiles au programme gouvernemental?: l’évolution vers le bipartisme semblait en quelque sorte consubstantielle à la Ve?République. Mais voilà qu’à l’occasion des élections départementales, locales donc, cette commode division de la France en deux a volé en éclats. À vrai dire, cela faisait un certain temps que la montée continue du Front national commençait de fissurer le système. Tant que l’extrême droite plafonnait autour des 5-6?%, elle se contentait d’affaiblir la droite, sans l’éliminer. La partie essentielle entre la gauche et la droite pouvait continuer à se jouer à deux. En formant un “front républicain” contre le mouvement qui était mené, à l’époque, par Jean-Marie Le Pen, c’est-à-dire en décidant ensemble d’unir leurs voix, en cas de nécessité, pour barrer la route aux candidats du Front national, les partis de gouvernement pouvaient empêcher leur élection. Mais à partir du moment où le Front national atteint 25?%, le quart de l’électorat, il change profondément la donne de la vie publique. C’est ce qu’il a fait dimanche dernier. “Trois forces opposées entre elles, qui n’envisagent pas, pour le moment du moins, de gouverner ensemble, ou de se regrouper à deux contre le troisième” Désormais, trois forces et non plus deux se partagent l’univers politique. Trois forces opposées entre elles, qui n’envisagent pas, pour le moment du moins, de gouverner ensemble, ou de se regrouper à deux contre le troisième. Aucune de ces trois forces ne peut, aujourd’hui, disposer seule d’une majorité, et aucune ne veut la rechercher avec les deux autres. C’est ce paysage inédit qu’a dessiné le scrutin du 22?mars?: trois blocs tournant chacun autour de 25 à 30?% des électeurs, mais qui n’ont pas pour autant les mêmes atouts et ne ressentent pas les chiffres obtenus de la même façon. Pour la gauche au pouvoir, le premier tour des départementales est une nouvelle mise en garde. Mais, comme elle s’attendait au pire, et que le pire n’est pas venu, elle s’est retrouvée, le dimanche soir venu, relativement soulagée. Mieux?: en s’attaquant avec force, comme il l’a fait, au Front national dont il a brandi volontairement la menace pour ramener à lui les abstentionnistes venus du PS, le Premier ministre peut se dire qu’il a ramené aux urnes des électeurs dont l’absence aurait transformé un échec en déroute. Et si cela n’a pas marché davantage, c’est la parcellisation de la gauche, son extrême division, la dispersion de ses candidatures, qui lui apparaissent, à l’issue du premier tour, comme la principale raison d’une défaite programmée.

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