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Voromon de News
22 décembre 2014

Vers le "librisme"

À la fin de mes études en management de projet E-commerce, j'ai travaillé durant deux années dans une entreprise du secteur marchand. Cette PME a été rachetée par une plus grosse afin de pouvoir réaliser les investissements nécessaires à son développement fulgurant. J'y ai vécu un certain nombre de dérives liées à une trop forte focalisation sur les intérêts exclusivement économiques de l'entreprise aux dépends de toute relation humaine. J'étais à cette époque fortement révoltée par la vente des produits sans étude de faisabilité en terme de développement, mais aussi par le désintérêt total pour la réalisation des corrections — évidemment moins rentables que le développement de nouvelles fonctionnalités — ou la mise en place progressive d'une culture du secret en interne. En cherchant à me recentrer sur des activités plus ancrées dans une réalité humaine et locale, j'ai découvert l’Économie Sociale et Solidaire. J'ai intégré la coopérative de conseil en développement durable Extra-Muros. Puis, après une phase de rejet total de l'informatique, je me suis réinterrogée sur la possibilité d'en faire de manière solidaire. Le rapprochement entre logiciel libre et Économie Sociale et Solidaire n'a pas été immédiat. Il s'est construit au fil de rencontres. En effet, les normes sociales au sein de ces deux mouvements sont distinctes. Il m'a donc fallu du temps pour saisir ces deux mondes et y voir deux expressions concrètes de mêmes valeurs. Les deux mouvements aspirent à des changements de société de même nature, même s'il faut évidemment se méfier de telles généralisations. Les éléments théoriques donnés dans ce mémoire seront donc à contextualiser pour être utilisables. L'Économie Sociale et Solidaire est composée d'un ensemble de structures qui se reconnaissent par les valeurs qu'elles partagent ou les statuts qui les organisent. La définition de l'ESS fait appel à des concepts plutôt abstraits, difficilement arbitrables et contextualisés, là où celle du logiciel libre est mieux délimitée. Un logiciel est libre si l’utilisateur bénéficie de la liberté d'utiliser et d'étudier le code source, de distribuer ou de modifier le programme. L'ensemble du mouvement libriste se retrouve dans cette définition. En revanche, dès que nous traduisons cette équivalence concrète au niveau d’abstraction de l'ESS, la définition du mouvement libriste se complexifie. Les notions de partage de connaissances (dont Wikipédia est un parfait exemple) et la défense des droits des utilisateurs viennent compléter cette définition. Nous pourrions décrire certains acteurs de l'ESS comme des hackers (à considérer ici au sens premier du terme, qui n'a rien à voir avec la cybercriminalité) ou envisager le mouvement libriste comme un courant de l'ESS. Nous pourrions également appeler à un regroupement des deux mouvements, mais je n'y vois qu'un intérêt limité. À quoi bon démontrer l'appartenance de l'un à l'autre ou appeler à une fusion pour qu'ils se renforcent ? Sur le plan théorique, la démonstration pourrait être intéressante et certains l'ont déjà faite, tel Vincent Calame qui propose sur le wiki de l'April un excellent article intitulé Le logiciel libre, une branche de l'ESS. Je m'inspirerai de ces travaux. Cependant, le vrai défi consiste à introduire des échanges entre des structures de l'ESS et du mouvement libriste : inviter celles qui se reconnaissent dans l'un ou l'autre à identifier leurs ressources et leurs besoins et à échanger en créant des liens réciproquement avantageux. Bien que cette démarche n'a de sens que si elle s'appuie sur un contexte local ou communautaire spécifique, il me semble intéressant de l'élargir suffisamment afin de permettre des échanges asymétriques. Ainsi, la réciprocité se créé avec une communauté et non avec une autre structure en particulier.

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